Dans un monde où la durabilité est devenue un critère de succès plutôt qu’un simple choix, le Groupe Poulina présente son rapport annuel Environnement, Social et Gouvernance (ESG) pour 2024. Le rapport reflète un contraste frappant entre des réalisations environnementales concrètes et des divulgations sociales et de gouvernance manquant de profondeur et de crédibilité.

Le côté positif du rapport : des réalisations environnementales dignes d’éloges

Le rapport met en évidence un engagement exceptionnel sur le front environnemental, pouvant être qualifié de « modèle » dans plusieurs domaines :

  • Leadership dans la gestion de l’eau : le groupe a réussi à réutiliser 72,65 % des eaux traitées, dépassant ainsi l’objectif national ambitieux de 50 %. Ce pourcentage reflète une grande efficacité et un investissement sérieux dans cette ressource vitale, évalué à 15 millions de dinars dans les stations de traitement.
  • Révolution verte dans la gestion des déchets : Poulina a annoncé le recyclage de 94 % de l’ensemble de ses déchets industriels solides, soutenu par un investissement de 17 millions de dinars pour l’achat de cartons destinés au recyclage, renforçant ainsi son rôle actif dans l’économie circulaire.
  • Proactivité face au changement climatique : le groupe accélère la construction d’une « empreinte carbone » globale, se préparant aux défis tels que la taxe carbone européenne (CBAM). De même, ses investissements massifs dans les énergies renouvelables sont notables : 31 sites photovoltaïques d’une capacité totale de 13 MW, avec un plan ambitieux pour quintupler cette capacité d’ici 2030. Les unités de cogénération ont permis d’éviter 44 438 tonnes d’émissions de carbone par an.

L’autre face : des lacunes sociales et de gouvernance qui nuisent à la crédibilité

Malgré la clarté des performances environnementales, le rapport demeure flou en ce qui concerne les volets social et de gouvernance.

  • Déficit de documentation et de communication : une documentation et une diffusion efficaces des programmes constituent une base essentielle pour la transparence et la confiance. Ici, le rapport de Poulina présente de grandes lacunes : aucune preuve tangible de ses activités sociales revendiquées. Pas de rapports visuels, pas de témoignages de bénéficiaires, pas de couverture médiatique des programmes, ni d’activation réelle des réseaux sociaux pour valoriser ces efforts. Ce silence médiatique crée un déficit de communication avec la société et affaiblit la crédibilité des déclarations, tout en manquant une occasion précieuse de créer des partenariats sociaux plus larges et d’inspirer d’autres institutions.
  • Absence de programmes sociaux concrets : bien que le rapport mentionne la « contribution à l’amélioration de l’éducation » et l’existence de la « Fondation Poulina » depuis 2014, il manque totalement de détails opérationnels. Où sont les programmes de santé ? Le soutien aux startups et aux entrepreneurs ? Et surtout, où sont les chiffres prouvant l’impact ? Les bénéficiaires, budgets et études d’évaluation sont complètement absents, réduisant l’engagement social à de simples slogans.
  • Gouvernance : slogans sans actions : le rapport consacre une section à la gouvernance mentionnant les principes d’« indépendance, intégrité, transparence et responsabilité », mais ne fournit aucune preuve tangible de leur application. La structure du conseil d’administration (nombre de membres, proportion d’indépendants, diversité), la politique anticorruption, les canaux de signalement des irrégularités et la détermination des rémunérations des hauts dirigeants ne sont pas divulgués. En résumé, cette section ressemble à une « liste de souhaits » plutôt qu’à un véritable rapport sur la gouvernance.
  • Erreurs linguistiques : indicateur de négligence dans la documentation : le rapport présente des fautes de langue choquantes, soulevant des questions sur le soin apporté à la précision des informations fournies.
Type d’erreurErreur dans le rapportCorrectionAnalyse
Fautes d’orthographe“Mairies des émissions” (p. 2)“Maîtrise des émissions”Erreur grave dans un terme clé qui change complètement le sens
“Governance” (p. 3)“Gouvernance”Erreur fréquente sur le terme fondamental de gouvernance
“concrelle” (p. 3)“concrète”Faute orthographique sur un mot clé
Fautes grammaticales“sétermine” (p. 3)“détermine”Erreur de lettre initiale changeant le sens
“moyennante” (p. 3)“moyennant”Erreur sur la forme verbale
Fautes de formulation“doivent attendre” (p. 3)“doivent atteindre”Change le sens de “atteindre” à “attendre”
“en 20%” (p. 4)“en 2024”Erreur de date perturbant la logique
Contradiction de données9 unités de cogénération (p. 4)7 unités de cogénération (même page)Contradiction flagrante sur des chiffres clés
  • Absence de vision temporelle et méthodologique : le rapport manque de :
    • Objectifs temporels précis : absence de cadre temporel clair pour atteindre la réduction des émissions ou l’amélioration de la gestion des déchets à moyen terme.
    • Méthodologie de mesure de l’impact : aucune indication sur les mécanismes ou critères utilisés pour mesurer l’impact réel des initiatives sociales et communautaires.
    • Objectivité et transparence : aucune mention des défis ou échecs rencontrés par le groupe, ce qui donne l’impression que tout se passe parfaitement, diminuant ainsi la crédibilité du rapport.

Recommandations pour le Groupe Poulina

Pour transformer ce rapport d’un simple document présentant des potentialités en un outil attestant d’un leadership réel en matière de durabilité, le Groupe Poulina pourrait :

  • Construire une stratégie de communication efficace : développer un plan de documentation et de diffusion méthodique des programmes sociaux et environnementaux, incluant des rapports visuels, la publication de réussites et l’interaction avec la société via les réseaux sociaux.
  • Renforcer la transparence sociale : consacrer une section détaillée aux programmes sociaux, incluant des objectifs chiffrés, des budgets précis et des exemples de projets dans les domaines de l’éducation, de la santé et de l’entrepreneuriat, tout en précisant la méthodologie de mesure d’impact.
  • Incarnant la gouvernance par des chiffres et des structures : divulguer la structure du conseil d’administration, la diversité, les politiques anticorruption et des indicateurs de performance pour la gouvernance de l’entreprise.
  • Élever les ambitions et définir la trajectoire : fixer des objectifs SMART (Spécifiques, Mesurables, Atteignables, Réalistes, Temporellement définis) pour la réduction des émissions et la gestion des déchets, avec un calendrier précis de réalisation.
  • Renforcer la crédibilité en reconnaissant les défis : inclure une section sur les difficultés et obstacles rencontrés et la manière dont le groupe y a fait face, apportant objectivité et transparence au rapport.
  • Investissement simple à fort rendement : engager un correcteur professionnel pour relire le prochain rapport, une étape simple garantissant le maintien d’une image professionnelle à la hauteur d’un groupe de cette taille et de cette histoire.

En conclusion : le rapport du Groupe Poulina fait des avancées majeures sur le plan environnemental, mais reste déficient sur les volets social et gouvernance. Il souffre d’un manque de crédibilité en raison de l’absence d’objectifs temporels et méthodologiques clairs, de la non-reconnaissance des défis et de l’absence des éléments essentiels de transparence tels que la documentation et la diffusion effective des réalisations. Le défi principal est désormais de combler cette lacune pour construire une image complète d’une institution qui non seulement protège l’environnement, mais contribue également à bâtir une société prospère et se gouverne selon les plus hauts standards d’intégrité et de transparence.

Moez H

Le Rapport

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