Dans la course à la transformation digitale, où en est la Banque de Tunisie ?
À l’ère où les données sont devenues le nouveau pétrole et l’intelligence artificielle le moteur de l’innovation, les institutions financières mondiales et arabes rivalisent pour anticiper l’avenir. Il ne s’agit plus seulement de proposer des produits financiers digitaux, mais d’adopter une véritable philosophie de communication qui place le client au centre des priorités, investit dans la création de contenus pertinents et exploite l’intelligence artificielle pour comprendre les besoins et offrir une expérience personnalisée.
Dans ce contexte en pleine accélération, la Banque de Tunisie semble évoluer dans une dimension parallèle, avec une stratégie de communication qui accuse un retard manifeste et la maintient en dehors du cercle concurrentiel.
1. Réseaux sociaux : une présence marginale, révélatrice d’un manque de vision
Être présent sur les réseaux sociaux n’est plus un luxe, mais une vitrine essentielle et l’un des canaux de communication directe les plus stratégiques avec les clients, notamment les jeunes générations. Pourtant, la présence de la Banque de Tunisie y demeure superficielle, voire fantomatique, comparée à celle de ses concurrents :
- Facebook : page non vérifiée, environ 24 000 abonnés seulement – un chiffre faible pour une institution de cette taille et de ce prestige. Plus inquiétant encore, seulement 7 vidéos publiées en plusieurs années, dont une seule véritablement pertinente. L’absence de ligne éditoriale claire et la faible interaction témoignent d’un désintérêt pour des outils pourtant élémentaires de l’IA, tels que la réponse automatique et l’assistance en ligne.


- YouTube : chaîne quasi-abandonnée avec 312 abonnés et seulement 5 vidéos. Alors que la plateforme constitue un outil idéal d’éducation financière et de vulgarisation, la banque a préféré ignorer ce potentiel.

- Instagram : contenu terne et sans créativité, 1621 abonnés seulement, un chiffre dérisoire pour une institution nationale.

- LinkedIn : malgré 30 000 abonnés, le contenu manque de régularité et d’interaction. La banque aurait pu tirer parti de cette plateforme professionnelle pour se positionner comme une référence en économie et finance à travers des études, analyses et interviews avec ses experts.

- Présence web : extrêmement faible, limitée à quelques indicateurs périodiques relayés par les sites boursiers.
Conclusion : la banque ne « communique » pas, elle « existe » simplement. Une différence fondamentale qui reflète l’absence totale d’une philosophie de communication digitale.
2. Responsabilité sociétale : une obligation légale et éthique négligée
Bien que la loi n°35 de 2018 encourage les institutions à assumer leur rôle sociétal, et que la Bourse de Tunis impose aux sociétés cotées de publier des rapports extra-financiers sur leurs actions RSE, la Banque de Tunisie reste totalement absente dans ce domaine. Aucune initiative, aucun contenu, aucune stratégie. Une lacune qui fragilise son image et l’empêche de renforcer la confiance du public.
3. Relations avec les médias : un mur de silence
L’isolement communicationnel de la banque se reflète également dans sa relation avec les médias. Toute tentative de contact avec ses responsables aboutit souvent à un silence ou à des lourdeurs administratives. Dans un secteur aussi sensible que celui de la finance, la relation avec la presse devrait être proactive, transparente et ouverte.
Une crise de communication, pas seulement de contenu
La faiblesse communicationnelle de la Banque de Tunisie n’est pas un détail secondaire que l’on pourrait corriger avec une campagne publicitaire ponctuelle. Elle révèle :
- Un manque d’adaptation : incapacité ou refus d’adopter les outils numériques modernes.
- Une fermeture institutionnelle : absence d’une culture d’ouverture envers les clients, les intermédiaires et la société civile.
- Un déficit de vision stratégique : non-reconnaissance du rôle vital de la communication comme vecteur de survie pour les institutions contemporaines.
Aujourd’hui, la communication digitale n’est plus une option ou un luxe. Elle est devenue une mesure essentielle de la vitalité et de la pérennité des institutions. Exploiter l’intelligence artificielle, produire du contenu innovant, instaurer un dialogue transparent avec les clients et les médias… ne sont pas des bonus, mais des leviers de survie.
L’absence de la Banque de Tunisie dans cette dynamique ne révèle pas seulement une faiblesse communicationnelle, mais soulève aussi de sérieuses interrogations sur sa vision stratégique et sa capacité à suivre les mutations profondes du secteur financier mondial.
Mariem S
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